Un jeudi 20

C'est la mer rouge dans un bocal Un lac supporté par un pied Un verre de sang qui s'fait la malle Dans une bouche désinspirée

C'est un lipstick qu'aurait fondu Dans l'eau bouillante d'une soupe Un crépuscule qu'aurait perdu Son jus de ciel dans une coupe

C'est la sueur du travailleur Celle d'un cœur dans un vignoble Les dignes blessures d'un labeur Des coupures sur des mains si nobles

C'est le désir du condamné Avant d'aller à la potence La communion d'un vieux curé Avec son foie, sa foi en transe

C'est la maîtresse de l'ivrogne L'amant de la Dame de cœur L'absent du corps de la Charogne L'ami des gens qui chantent en chœurs

C'est le baiser d'un beau vampire Le souffle humide d'un vent d'éther L'orange qui tangue le navire Pluie de rubis dans le désert

C'est la caresse d'une langue Sur le palais d'un fin gourmet C'est le souvenir du Bing Bang Dans la tête d'un Dieu inquiet

C'est la passion du passionné C'est la folie dévastatrice C'est la prison du prisonnier Et la liberté de l'artiste !

Et vint le vin un jeudi 20 Ce n'est pas vain de le chanter Si je dis vin c'est pour douter Si tu devines que je l'adore Chante avec moi, rechante encore Elle est née la divine amphore !

Un Jeudi 20 - Danzin