Rêves de Glisse, première chanson des Tours d'Ivoire
Nous étions fourbus à errer sans boussole sur une frêle embarcation dans l'océan tumultueux. Les nuages noirs et les vents violents nous avaient abandonnés à notre triste sort. Mais la conscience de notre vulnérabilité nous terrifiait, nous laissant affronter une peur panique face à notre isolement dans cette entreprise démesurée.
Les jours filaient à une vitesse foudroyante, emportés par le tumulte de la vie. Nous étions perdus dans cette foule impitoyable, sans affections ni compassion. Nous cherchions désespérément une main secourable, mais en vain. Nous étions captifs d'une société folle, mais malgré tout, nous gardions espoir. Nous avions enfin trouvé des alliés et poursuivions notre quête d'une place dans ce monde insensé. Nous avions découvert l'amour, la tendresse et la compassion, et nous avancions désormais avec audace et détermination.
Comme les vagues qui s'échouent sur la plage, les jours passaient, témoins silencieux du mouvement ininterrompu de la vie. Nous suivions le cours de l'histoire, de Byzance aujourd'hui Istanbul, conscients de notre brièveté, mais cherchant à donner un sens à notre existence. Malgré notre recherche frénétique, nous étions des voyageurs solitaires, perdus dans un univers qui nous surpassait, naviguant vers un destin incertain. Nous avancions, pas à pas, espérant laisser notre empreinte sur le monde avant de nous évanouir dans le flux éternel de la vie.
Les jours s'écoulaient, finalement sans grand intérêt. Les vagues déferlaient régulièrement sur la plage, mais nous n'y prêtions plus d'attention. Nous nous agitions sans discernement, sans même prendre le temps d'observer notre environnement. Quand nous ouvrîmes les yeux, nous fûmes submergés par la désespérance, incapables de vivre pleinement. Mais pour refaire surface, il fallut alors tout abandonner, plonger en nous-même et trouver les réponses. Alors, nous renaquîmes à la lumière du jour et prîmes alors conscience que chaque instant était une nouvelle opportunité de vivre pleinement.
Les trois-mâts, emblèmes d'exploration et d'audace, étaient laissés à l'abandon dans le port, leurs voiles flétries, leurs cordages desséchés, et leurs coques couvertes de varech et de lichens. Pourtant, ils méritaient d'être honorés et chéris. Ils étaient les témoins vivants de notre histoire et de notre désir de liberté et d'exploration. Il était temps de les ranimer, de les réveiller afin qu'ils puissent inspirer les générations futures de navigateurs assoiffés de nouveaux horizons. Il était temps de prendre des risques, de retrouver notre passion pour les expéditions, l'inconnu et la découverte.
Chaque jour, les vagues de la mer, étrangement régulières et prévisibles, rythmaient nos mouvements sensuels, qui nous semblaient de plus en plus futiles et dénués de sens. Nous cédions à la tentation de l'instant, nous unissant passionnément, en offrant notre intimité à la mer, comme si cela avait encore eu une quelconque importance pour ce monde, ce même monde qui semblait s'effondrer sous nos pieds. Les vagues nous berçaient pourtant, nous caressaient et nous rendaient heureux, mais pour combien de temps encore ? Nous savourions chaque instant, conscients de la rareté de ces moments, mais aussi de l'absurdité de notre existence. Notre amour était fort et éternel, nous le croyions du moins, comme les vagues qui se brisaient sur le rivage, sans réel but ni finalité.
Face à la mer, nous étions fascinés par sa beauté et sa puissance, mais aussi par son indifférence face à notre sort. Nous étions deux êtres humains unis dans l'amour, mais ce n'était peut-être pas suffisant pour nous sauver de la solitude qui nous rongeait.
Nous avions choisi cet endroit magique pour sceller notre union, comme si cela pouvait nous protéger de l'éclatement du monde qui nous entourait. Rien ne semblait pouvoir détruire ce sentiment, pas même la tempête qui grondait, pourtant cela ne nous aurait jamais empêché de sombrer dans l'évidence du temps qui passe, cruel et assassin. Nous étions comme deux navires, ancrés l'un à l'autre, voguant sur les flots de l'existence, mais vers quelle destination ? Quel ailleurs ?
Les bateaux au port, dont les coques avaient été usées par le temps et les tempêtes passées, reflétaient notre propre vieillesse et notre décrépitude. Autrefois, ils avaient été des promesses de liberté, d'évasion vers l'infini, mais maintenant ils n'étaient plus que des témoins muets de notre propre échec. Bien qu'abîmés et délabrés, ils invitaient à l'imagination et à l'aventure, rappelant des histoires courageuses et des légendes d'hommes et de femmes intrépides, mais tout cela appartenait désormais au passé. Ils gardaient en eux l'esprit de la navigation, l'amour de l'océan, mais pour combien de temps encore ?
Les jours s'écoulaient sans changement, tels les vagues roulant sans relâche sur la plage, mais pour nous, tout semblait déjà différent, plus sombre et plus oppressant. Perdus dans la foule, nous ressentions la solitude et le désespoir de Robinson sur son île. Mais nous gardions pourtant, précieusement, l'étincelle de l'équipée passionnée, comme un ultime espoir de salut, même si cela ne suffirait sans doute pas à nous sauver. Nous voulions sortir de cette société suffocante, retrouver la liberté et l'espoir, mais était-ce encore possible ? Nous appelions à l'aide, unis dans notre volonté de vivre et de découvrir, mais peut-être était-il déjà trop tard. Nous étions prêts à tout pour retrouver notre humanité, même si cela signifiait affronter l'inconnu et l'incertitude.
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