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COUP DE CŒUR pour Le dix vins blog

Il n'est pas habituel, hormis sur un calendrier, d'associer ces deux prénoms ( on célèbre en effet Pierre et Paul le 29 juin, je suis moi-même bien prénommé pour le savoir ).  Mais ce n'est pas, loin s'en faut, la seule originalité de cet auteur compositeur interprète.

Encore une heureuse découverte due à la revue HEXAGONE . Comme Pour Alissa Wenz, pas de chronique, juste une mention au hasard d'un festival auquel il a participé. Je n'ai pu me procurer que 4 de ses albums ( on en trouve d'autres dans sa discographie sur le Net ) mais quels albums !

C'est l'enfant assumé de Leprest dont il chante trois titres : « Robe de bois », «« Jojo » et « La chanson des cigales » ( il a cosigné les paroles de ce dernier ). On pense aussi à Brel, le grand Jacques et le non moins grand Allain ayant une évidente parenté.

Il tord à l'envi le cou à la syntaxe et à la morphologie, par exemple en inventant des verbes à partir de substantifs : dans ( L'orfèvre et la joallière ) :

« On automne nos paresses,

Main dans la main, mot à mot,

Nez à nez on se confesse,

On automne des émaux ».

Il joue, également, avec les préfixes :

« On s'est enfenestrés «

(Dure sera la chute  )

Ailleurs, on trouve de véritables festivals d'allitérations :

« Je lui ai chanté des chansons,

Elle m'a dit qu'elle était chanceuse.

Elle en a rougi, mais passons,

Sur le pont elle était passeuse »

( Au prix d'amour ).

À l'occasion, il pousse même le procédé assez loin ( un peu trop loin ? ) :

« Nous, vous et moi sans elle

Sans lacet, ni ficelle, sans menotter nos lèvres...

S'enlacer défie celle, sans me noter qu'elle rêve »

( Nouons-nous )

Quant à « Pluie stellaire », c'est de la grande, de la très grande poésie :

« Il fil' des météores en corps et encore...

C'est beau de la poussière d'ange...

C'est la sueur de l'univers!

C'est la lumièr' bleue d'une orange

Juste lancée de Jupiter

Vers la Terre »

Lorsqu'il chante « L'antichambre » (« Quel âge est-il, Madame? »), c'est Carlo Ponti, un fantaisiste, auteur de livres pour la jeunesse, dont vous ignorez peut-être l'existence si vous n'avez pas, comme moi, une fille instit en maternelle, qui me vient à l'esprit.

Il a également emprunté un texte, en prose, à Maupassant : Un portrait de Véronèse », extrait d' »Une vie » (un magnifique éloge du « deuxième sexe » : je reviendrai plus loin sur le féminisme de l'auteur) :

Elle semblait un portrait de Véronèse avec ses cheveux d'un blond luisant qu'on aurait dit avoir déteint sur sa chair ... «.

Musicalement, c'est riche (tous les accompagnateurs sont remarquables), varié (rock, tango, mélodies douces...). Sa voix est prenante, s'impose à l'écoute, elle me rappelle un peu celle du Belge Jofroi (voir différents coups de cœur plus ou moins anciens).

S'il a puisé chez un romancier pour les paroles, il s'est servi, en ce qui concerne la musique, du standard de Sydney Bechet, « Petite fleur ».

La plupart des autres mélodies sont soit de son cru, soit d'un dénommé Alexandre Danzin (une histoire de fratrie, donc) ou encore de Subido (qui n'est autre qu'une anagramme de Dubois, Antoine de son prénom). Alexandre Danzin signe également la plupart des arrangements.

Pierre Paul Danzin est un pur et tendre libertaire, convaincu de l'inexistence d'une entité suprême :

« Les hommes seront libres quand

Les athées seront pratiquants »

(Allô ici Satan »)

(cf « Quand les hommes vivront d'amour »).

Deux vers suffisent à exprimer ce qui a pris à Michel Onfray tout un « Traité d'athéologie ». 

Il joue au western dans Paris : »Dingue », où il est, naturellement du côté des Peaux-Rouges :

« Pas de Sioux en poche, juste une hache,

Un genre de tomahawk

Sur l'avenue Foch, ça y est, j'me fâche

Avec un flic très glauque”

Par animaux interposés, il affirme sa préférence : oiseaux des gares vs chien policier (  “ Gare aux bestiaux ” : un petit coucou à tonton Georges au passage ). Hélas, les volatiles en question ont désormais bien du mal à pratiquer leur activité naturelle :

“Des pigeons mutilés boitillent sur le quai

Ils ne voyagent plus Leurs ailes sont brisées”.

Les clébards des flics sont les seuls à tenir le coup.

Il mélange adroitement la protection de l'environnement et celle des migrants :

" Dis-moi : que cherch'nt les hirondelles ? …

Pour rejoindre la citadelle …

Arrivent-elles de la Syrie ?

De Jordanie, du Pakistan ?

Et ce gamin qui leur sourit

Derrière le grillage du camp

Voudrait seulement voler près d'elles..."

" Cette année combien de milans ?

De flamants roses et d'oies sauvages ?

Si on en faisait le bilan,

Combien de morts pour un voyage ? ”

( Hirondelles, cigognes )

Ceci dit, il n'est pas du genre à renoncer :

“ C'est l'instant de ne plus jamais croire

A la fatalité, au reflet du miroir ”

( Maintenant )

Ou :

” A l'heure où l'on baisse les bras

Qui dit que tant qu'la terre est ronde

On peut sauver même le climat …

Il faudrait pas le décevoir

L'espoir ”

( ce dernier mot sert de titre à la chanson ).

Comme promis, deux couplets, en alexandrins, sur le féminisme:

“ Dis-moi, sur tes vingt ans, mon adorable môme

La raison qui t'aveugle et qui me rend plus triste,

Quand tu baisses le front, devant l'immonde gnome

Qui t'humilie, t'insulte au milieu de la piste

D'avoir usé le charme et le pouvoir du masque,

Pour mieux tromper l'Amour de vos érections flasques

Battre un' femme de mots vaut bien les coups d'un lâche ”

( Misérables fantoches )

Et puis, pour terminer sur une note qui résonnera, encore, comme une lueur, fragile certes, mais tout à fait dans l'air du temps :

“ Est-ce le choc des générations

De voir tous ces vieux à la page

Ont-ils trouvé la solution

Pour vivre jeunes au troisième âge ?

La retraite aurait donc du bon

Et quoi qu'en disent les commérages

C'est une sacrée révolution

De voir sous les ridés la plage ! ”

(“ Le tango des ridés ”)

Transmis à tous les obsédés (obsession plus que freinée par la rue) de l'âge pivot ( tant que ce n'est pas l'âge Pivot ! ).

Si vous désirez en savoir plus, adressez-vous sans plus attendre à :

LIMOUZART PRODUCTION

40, rue Charles Silvestre

84100 LIMOGES


LE DIX VINS Pierre Thévenin



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