L'île aux sentiments

Il était une île, Une petite île, Où tous les sentiments logeaient. Là-bas, sur cette île, Rien n'était futile, Car tous les sentiments vivaient : Bonheur et Tristesse, Savoir et Richesse, Indifférence et Mépris, Désir et Tendresse, La Peur et la Liesse, Et le grand Amour, compris ! Mais un jour cette île, Cette petite île, Se mit alors à couler. Cette drôle d'île, Sans un crocodile, Vit ses émois se tailler : Bonheur et Tristesse, Savoir et Richesse, Même le Courage se sauva ! Car des sentiments, Jusqu'au dernier moment, Seul l'Amour, lui, demeura. A l'instant où cette île, Cette petite île, Fut sur le point de sombrer, Utile crut l'Amour, D'appeler au secours Tous les sentiments qui fuyaient... La Tristesse voulut Rester la seule élue; Le Bonheur, lui, resta sourd; La Richesse était Bien beaucoup trop chargée; Pour la Paresse, c'était trop lourd... Enfin de cette île, De cette petite île, Une voix lui cria : Viens ! C'était un vieillard, Un capitaine brouillard, Qui lui fit signe de la main. Lors, quand ils accostèrent, Les deux pieds sur la Terre, L'Amour s'empressa de savoir Qui était son sauveur, Qui avait changé l'heure, Et qui avait rendu l'espoir... Il n'y avait plus d'île, Aucune petite île, Pourtant le Savoir répondit : "Ton sauveur, c'est le Temps ! Il connait l'important Et tous les secrets de la nuit ! Les goûts inimitables, Les parfums adorables, Les caresses sans ennui... Ton sauveur, c'est le Temps, Il connait l'important, Comme l'amour, dans la vie...

(adaptation en chanson du conte philosophique) Tableau Salvador Dali