Fous de Bassan
Quand je divague, vogue Le radeau de mes lèvres, Sur l’écume moussante Des bières du pays. Je sens ma longue langue, Prendre un accent de fièvre, L’amertume chantante Des marins d’aujourd’hui… Hissons ! Hissons, Amis des voiles ! Dévoilons le drapeau des goélands ! Des albatros, sans une étoile, Chantons les Fous de Bassan ! C’est en vogue à La Hague, A Anvers, à Bray Dunes, De voir qu’ sa coque tangue, Sousl’envers de la Lune. On vide quelques verres, En même temps qu’on les crie, Pour reprendre la mer, Comme Renaud la décrit. Sur le port, drague et drogue Empoissonnent les mallettes D’Amsterdam ou La Haye, Pour les corsaires du Roi. Moi, je pirate un peu, Alcools et cigarettes, Pour les gens de la plaine Qui reprennent avec moi : Hissons ! Hissons, Amis des voiles ! Dévoilons le drapeau des goélands ! Des albatros, sans une étoile, Chantons les Fous de Bassan Sur la digue, dagues et dogues Promènent leurs maîtres dingues ; Tempête sur la galère, Les jeunes n’iront pas ! Les pères boivent leurs grogs, Au son d’un vieux bastringue, Parlent des loups de mer Qu’ils étaient autrefois… Quand je divague, vogue Le radeau de mes lèvres, Sur l’écume moussante Des bières du pays. Je sens ma longue langue, Prendre un accent de fièvre, L’amertume chantante Des marins d’aujourd’hui…