Près de l'âtre
Près de l'âtre, dort un journal Qui titre la trêve hivernale. Enflamme-le, fais un foyer Avec les branches d'un noyer. Tes peurs ensuite, tu les lui jettes Avec les morceaux de cagettes. Mes fleurs, tu peux les épargner... Mais, mets les bûch’s de marronnier ! Ecoute-le, comme il crépite… Ses braises, on dirait des pépites… Tu es belle, mon Incendiaire… Fous l'feu aux malaises d'hier ! Les sales jours… Hop ! Au bûcher ! L'angoisse avant de te coucher, Les insomnies, la triste sève... Crame-les tous, ces mauvais rêves ! Et toi, la Lune, pourquoi tu campes Sur la Gartempe ? C'est pour être sur' qu'elle fume, Que tu t'allumes ? La cheminée parle en nuages, Emmène-les pour un voyage, Un aller simple, sans détour, Et sans retour. Vois-le, comme il ne manque pas d'air ! Entends comme il roule les R ! Rugir, rougir, roussir, rôtir… En enfer ces vieux souvenirs ! Et s'il le faut, passe le stère ! Crois-moi, il n'y a pas de mystère, Parfois, faut être pyromane. Brûle tes doutes ! Ô ma Gitane... Tu sens ce bouquet, ce parfum, L'arôme boisé du jardin… Comme il fait doux dans ce soleil… Ferme les yeux, dors, moi je veille… Tout est paisible, le feu murmure… Tu rêves, je la vois sur le mur, Confiante, elle pointe son nez, La souris de la cheminée. Et toi, la Lune, pourquoi tu campes Sur la Gartempe ?
Tableau : Jackson Pollock