Vassivière au crayon
Vassivière, le grand lac, au crayon de novembre, Je t'écris. Le zéphyr a remplacé la bise. Le jour se lève à peine et le ciel parait d'ambre, Il faut que je te dise. Dans la brume, l'île aux daims me semble encor' plus belle… Sur le sable, un badaud matinal se balade. Je vois les oiseaux blancs que le ciel caravelle Dans mon cœur cassonade. Expresso, je te bois, quand presto, tu me quittes. Me reste le parfum de ta peau caféine… Hors raison, sans limite... Hors saison, je récite Sa saveur saccharine. Je ramasse une souche, je déplie mon canif, Souriant, je la grav' d'un message spécial. Un' bouteille à l'amer nage loin des récifs, Voguent nos initiales... Au crayon de novembre, Vassivière, le grand lac, Je t'écris des sourir's conjugués au futur. Nous serons bienheureux, à sauter dans les flaques ! Oh, la jolie nature ! Le niveau de l'eau baisse à vue d’œil cet automne Et nos larmes, promis, ne le rempliront pas. J'essuie tes beaux yeux gris, tu m’embrasses, on se donne… Nous pêchons sans appâts… Au crayon de novembre, je navigue à la rime ; Tu arrimes mes mots et j'arrive à la rame, Sans naufrage et en vie, sans drame et en prime Une joie qui se trame… Avec l'étang vient, tout revient, ma préférée... Mon papier glacé fond et j'écope la cale… Quant au lac, je lui crie la vague libérée D'accueillir une escale !
Tableau : Isaac Levitan