Être aimé de l'espace à l'aurore
Être aimé, oui, vraiment, est la raison de vivre, D'avancer, d'aller voir, bien au delà du givre, Là, entre yin et yang, l'équilibre bohème, Ressentir ou la faim, ou la soif, c'est idem. Mais se tenir debout, en humant leurs effluves... S'abreuver des suées, au milieu de l'étuve... Demander à son âm' de rechercher sa sœur, Et de dire à son corps d'accompagner son cœur, A ses mains de se tendre, à ses bras de s'ouvrir, A sa bouche de mordre, juste entre deux sourires...
Dites-moi qu'il existe, avant la fin du jour, Qu'il était l'autre soir, rallumant l'abat-jour, A soigner la pénombr' d'un halo de lumière... Dites-moi qu'il me suit, qu'il est venu hier... Si ce n'est pas le cas, reprenez donc cette âme, Qui alanguit mes pas et qui dose ma came !
A quoi servent mes yeux s'ils sont craints du Désir ? Si personne n'en veut, je les ferai moisir ! Comment trouver la forc' de supporter l'ennui, De colorier la peur et d'éclairer la nuit ? Jouer l'aquoiboniste, le nez dans le pavot, Quand chez-moi, c'est néant, vertigineux Bravo ! La voix a cappella de ce buzz légendaire, La morne interférence et le son frigidaire Qui m'attendent le soir, quand je me démaquille, Quand j'efface le clown et reprend mes béquilles.
Grand amour ! Mais quel est ce secret que j'ignore ? Je suis sûr qu'il existe, on l'appelle l'Aurore, L' Espérance, le Printemps... Tant de définitions... Quels glorieux synonym's pour dire Admiration, Si c'est pour retrouver, juste au coin d'une rue, Une ombre sous la Lune, comme un Pierrot perdu ! Je me vêts en témoin du reflux de la houle Connectée, virtuelle, dans une vague foule Au nez dans le bitume, aux oreilles casquées, Au regard prisonnier dans ce monde maqué Par l'écran informel qui mute le réel Des robots accessibles par numéro de tel !
Connais-tu le flûtist' qui propose une issue, Le Dieu Pan, virtuose de mon âme bossue Qui soupire le jour en m'ajoutant des rides ? A quoi sert un cœur lourd quand il est plein de vide ? On peut être colosse et supporter la masse, On reste trop souvent l'esclave de sa nasse... Pauvre Pêcheur de Lune, au milieu de l'étang Et ton unique prise, le reflet d'un rond blanc, Ou jaune, ou roux ou noir, c'est selon la saison...
Pourquoi donc, bon ami, ne pas changer l'âm'-son ?
Comprenez, si je vogu' sur les flots de l'espace, Vers ces lieux isolés où les fantômes chassent, Mon cœur scaphandrier, exilé, astronaute, Y rejoins la comète et j'imite ses notes. J'atterrirai bientôt déposer une annonce, Comm' l'étoile filante en quête de réponse, Pour ne jamais laisser le rêve indifférent...
Être aimé, sous un ciel bleu de joie, oui, vraiment ! Mélanger les nuages, sentir l'aube complice, Enfin vivre comme eux, ceux qui boivent au calice, Ceux qui savent le goût des fruits de la passion, Qu'ils dorment dans la rue ou qu'ils soient en mission, Qu'ils soient flics ou voyous, peu importe s'ils sentent Le parfum d'une peau qui ne soit plus absente.
Tableau : Salvador Dali