Désablutions
A mes nuits blanches, mes idées noires, A me noyer dans la baignoire, A disparaître sous la mousse, Et t'appeler à la rescousse… Sentir ta main sur mon visage, Comme un canoë de sauv'tage, Je sors la tête du baptême, C'est lui que t'aime. Tes jolies hanches, sous mon peignoir, Comm' la baigneuse de Renoir, Tu recouvres mon corps d'un drap, Et me voilà dans de beaux bras… Tu sèch's mes larmes de savon, C'est triste mais nous le savons, J'ai beau sentir le chrysanthème, C'est lui que t'aime. Je vois cet homm' dans le miroir, Jumeau qui me tend un rasoir, Tu fais la moue de tes gros yeux, Et tu m'enlaces Nom de Dieu, Dans les effluves de monoï… Garde-moi, je serai ton boy, Et je t'offrirai ma bohème ! C'est lui que t'aime. Je me blottis contre tes seins, Je ne serai pas l'assassin De ce que t'offre l'avenir. Je sais, qu'il me faudra partir ! A moins qu'il puiss' te partager... L'en prier, je n'ose y songer… Entre ton mascara, tes crèmes, C'est lui que t'aime. Si je jouais la comédie, Si je disais ce qu'il te dit, Si je portais les mêmes jeans, Regarde-moi et imagine… Est-ce que je serais ridicule, Si j'étais l'autre en Minuscule ? Survivrais-tu au stratagème ? C'est lui que t'aime. Tes noces blanches, mes rôles noirs, On les échang' dans l'Assommoir. Attends un peu, quelques secondes, Que je te sente, que je te sonde… Laiss'-moi du temps et puis encore Que tes cheveux, je les picore… Tu fais la sourde et je poème, C'est lui que t'aime.
Dessin : Auguste Renoir