top of page

Lorelei aux neuf marches


Le chemin sinueux entre mousse et rochers Qui traverse le bois où les oiseaux se taisent, Où le vent siffle vrai, là, entre les mélèzes, Est risqué comm' l'Amour, abrupte et glissant. Du sommet, parait-il, on peut voir un Rucher Et la Reine des Reines z'au charme indécent... Je l'ai donc emprunté, la première fois seul, Et la mésange noire, l'alouette et le geai S'étaient tus aussitôt pendant que je changeais Une branche en bâton, pour m'aider à gravir L’escalier tortueux, dont les feuilles linceuls Recouvraient les neuf pas que je devais franchir. L'oreille de mon âme entendit sa chanson, Loreleï sur un roc, à la voix enjôleuse, Et le parfum des bois de la maître-chanteuse Me charmait, me tentait, le cœur dans un vertige... Me voilà maintenant, parcouru d'un frisson, L'émotion funambule de la haute voltige. Elle m'est apparue, coiffant ses cheveux blonds, Irrésistiblement, je n'ai pu que sourire De mon plus beau rictus, celui de l'amoureux. Elle me parut fidèle et j'en fus bienheureux, Baignant dans un arôme à la fois de houblon Et de muguet suave, je vins à tressaillir ! Quand je rouvris les yeux, Dieu qu'elle te ressemblait ! J'ai cru que c'était elle, tant tu étais jolie ! Tu m'as pris dans tes bras et caressé le front, Dans un rire nerveux, je demandais Pardon. Je venais de comprendre à l'instant que j'aimais Bien plus ton amitié, que la pure folie.

Tableau : Robert Fowler


Posts à l'affiche
Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square
bottom of page