Arabica d'automne
J'ai la gorge gouttière et le chat bien pantois. Quel est ce sentiment qui m'affecte et m'étonne ? J'entends les cliquetis de ces perles salées Résonner en mon corps si langoureusement...
Ces gouttes qui claqu'nt, dans ma tasse à café, Amertume infusée entre deux aboiements ! Dans le marc, je devine mon futur Porcelaine ;
Je me regarde alors, et en chien de faïence, Je fracasse le verr' débordant de ma peine, Averti de la caus' de mon impétillance. Le palpitant déborde en un chagrin liquide...
Sur la table coule mon jus d'arabica. Dans les éclats d'émail, mon cerveau opioïde Mal aimé, mal haï, s'enfume d'indica.
Pleuvent mes yeux tristes en plein cœur de l'automne, Quand les larmes du ciel coulent le long des toits. J'ai la gorge gouttière et le chat bien pantois.
Tableau : Everett-Shinn