Lorsque tu as boxé contre ces gens armés, Christophe
Contre les boucliers de ces chiens enragés, Christophe
Lorsque tu as bondi sur cette passerelle
Lorsque tu t'es grandi par cet acte rebelle
Était-ce un peu Senghor qui coulait dans tes veines
La résistance est d'or quand la justice est vaine
Quand de tes poings pleuvaient des coups comme ses strophes
Catastrophe... Christophe
Lorsque tu as cogné les casques policiers, Christophe
Quand elle a reculé, l'escouade fortifiée, Christophe
Lorsque tu as jailli, fort dans ce corridor
Pour sauver l'inconnue qu'ils matraquaient à mort
Était-ce un peu Senghor qui gueulait dans ta tête
Que le courage est d'or quand l'injustice guette
Dans les gaz et les cris, quand l'honneur t'apostrophe
Catastrophe... Christophe
On était là sans peur,
Les sans-dents, les pouilleux
Pour voir la vérité, s'ils mutilaient les gueux
On a pu vérifier qu'ils nous crevaient les yeux
Mais pas ton cœur,
Mais pas ton cœur,
Christophe
Lorsque tu t'es rendu, ils t'auraient bien pendu, Christophe
Quand tu as répondu que tu t'es défendu, Christophe
Mais quand tu as chargé sur cette passerelle
Là, j'ai compris pourquoi la France était si belle
Dans les mots de Senghor, de Desnos ou d'Hugo
Qui aurait fait de toi, un Valjean, un héros
Aujourd'hui l'écrivain est si peu philosophe
Catastrophe... Christophe
Si Senghor avait dû baptiser une av'nue, Christophe
Sur ce pont mal foutu, il y aurait la statue, Christophe
Du gitan de Massy, debout sur la pass'relle
Beau perchoir que voici, là, pour les tourterelles
Ce n'est pas le smoking qu'on réserve aux champions
Quand ils sortent du ring, on en voudrait des pions
Mais toi, tu as appris, à boxer quand ça chauffe
Catastrophe... Christophe
On était là sans peur,
Les sans-dents, les pouilleux
Pour voir la vérité, s'ils mutilaient les gueux
On a pu vérifier qu'ils nous crevaient les yeux
Mais pas ton cœur,
Mais pas ton cœur
Christophe
(Il y a pile deux ans sur la passerelle Senghor...)
Christophe Catastrophe (Les Tours d'ivoire )
à François d'Amilly
Paroles : PP Danzin
Musique : Alex Danzin